samedi 5 octobre 2013

L’excès de liberté nuit au développement: le cas de l'incivisme au Sénégal


Dans mon premier article, j’affirmais que “malgré la promotion du civisme et son intégration dans notre système éducatif, l’incivisme reste de rigueur”. La raison est simple: Il n’y a ni loi ni pénalité qui sanctionne les actes inciviques. Une photo vaut 1000 mots. La photo ci-dessous illustre le laxisme généralisé au Sénégal.


La Chine est un modèle en matière de discipline. Je l’ai constaté de visu. L’Etat chinois est réputé répressif mais il a quand même fait décoller un pays 100 fois plus peuplé que le Sénégal qui va bientôt  devenir la première puissance mondiale. L’Occident sous-médiatise cette percée économique et surmédiatise l’absence de démocratie. La question savamment occultée est la suivante “La Chine aurait-elle décollé si elle n'avait pas sacrifié les libertés individuelles?” L’Inde est une démocratie presque aussi peuplée que la chine mais le PIB par habitant de la Chine vaut 4 fois celui de l’Inde. Mieux, les Chinois vivent en moyenne 8 années de plus que les Indiens.
Loin de moi l’idée de promouvoir au Sénégal un régime totalitaire a l’image de la Chine. Mais la question du laxisme généralisé requiert des actions dissuasives. Au demeurant, je ne me fais pas d’illusions quant à la vague de protestations que va faire naître le durcissement des sanctions de manière générale au Sénégal. Dans ce cas, pourquoi ne pas instaurer un service civique obligatoire pour tous les jeunes ayant atteint la majorité?

dimanche 29 septembre 2013

Planification démographique ou démographie pilotée à vue

Au sénégal, une prise en compte médiocre de l’évolution de la population dans le temps ainsi que sa répartition dans l’espace a installé le pays dans un “pilotage à vue permanent”.  
Une planification méthodique aurait imposé au gouvernement de lotir & d’assainir des terrains à une vitesse supérieure à celle de l’évolution de la population, anticipant ainsi sur la demande
de logement. L’Etat a plutôt opté pour le pilotage à vue. Conséquence: plus de la moitié de la population  vit dans des zones non assainies et non loties.
De la même manière, la planification méthodique aurait permis de mitiger les délestages (eau & électricité), l'insuffisance des structures de santé et de personnel qualifié, l'insuffisance des universités publiques, le chômage, la quasi-dépendance aux exportations pour ne citer que ceux-là.
L’absence du ministère du plan pendant près de 15 ans en dit long sur la volonté inavouée de placer le pays dans un état d’urgence permanent. L’Etat doit démasquer les individus qui ont fait perdurer le statu quo.
On a besoin de dirigeants qui placent la planification au centre de leurs stratégies. C’est le lieu de saluer la réintégration récente du ministère du plan et du bureau organisation et méthode dans l’attelage gouvernemental. Reste à savoir si leurs programmes pourront être traduits en actes concrets et exécutés rigoureusement dans l’étendue du territoire.

samedi 28 septembre 2013

Pour une rémunération des enseignants axée sur le résultat

Ils ont au moins 4 mois de vacances scolaires. Ils “décrètent”  chaque année plusieurs semaines de grèves .“Ils” ce sont les enseignants du Sénégal. Majoritaires dans la fonction publique et très prompts à descendre dans la rue, les enseignants sont- à mon humble avis -les travailleurs les plus choyés du Sénégal. Et pour cause, ils ne sont pas jugés sur leurs résultats. Ils ont une obligation d’enseigner certes mais aucune clause ne les rend comptables de l’échec scolaire.
A titre d’exemple, près de 60% des candidats au baccalauréat 2013 ont échoué malgré les 12 milliards investis pour leur formation.
Il y a quelques mois l'Etat du Sénégal avait publié l'état d’avancement des négociations avec les enseignants. A ma grande surprise, la quasi-totalité de leurs revendications tournait autour de la “revalorisation de leurs indemnités” (un terme syndical qui signifie “augmentation de salaire”)
Pendant ce temps, L'Inspection Générale de l’Etat (IGE) a fait rentrer dans les caisses de l’Etat 65 milliards- 8 fois plus que son budget durant la période de recouvrement. On me reprochera de comparer le corps le plus sélectif de l’Etat avec celui le moins sélectif. Mais, faire partie d’un corps de l’Etat fut-il le moins sélectif- ne saurait dispenser l'enseignant de l’obligation de résultat.
L’Etat a tort de continuer à rémunérer de manière égalitaire des enseignants qui obtiennent des résultats différents aux examens nationaux. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui imputent l’échec scolaire aux élèves dont les niveaux baissent d’année en année. Même si le recrutement massif d'enseignants peu qualifiés durant les 10 dernières années a contribué à la baisse du niveau des élèves, l'enseignant doit assumer ses résultats. Pourtant, il aurait suffi qu’on offre une prime d’excellence de 100.000 FCFA aux enseignants qui obtiennent un résultat supérieur à 70% pour qu’on constate une amélioration significative des résultats au baccalauréat. Au regard de la “plateforme revendicative” des enseignants, seule une incitation financière axée sur le résultat pourra changer le paradigme du système éducatif.

jeudi 26 septembre 2013

La volte-face spectaculaire de Souleymane Jules Diop & Abdoul Latif Coulibaly

Deux évènements majeurs ont échappé à la vigilance des démocrates sénégalais: le recrutement par l’actuel gouvernement des deux plus redoutés journalistes d’investigation du Sénégal à savoir Souleymane Jule Diop & Abdou Latif Coulibaly.
Souleymane Jules Diop
Il a été le plus fervent journaliste d’investigation du Sénégal durant les 10 dernières années. Ses révélations sur les malversations en cours au Sénégal donnaient le tournis tellement elles étaient précises et documentées. Depuis le Canada où il s'était exilé, SJD partageait chaque semaine à travers un blog et un podcast ses réflexions et ses révélations explosives. Des milliers de Sénégalais attendaient impatiemment la publication de son blog pour le féliciter et l’encourager. Il a été agressé publiquement à Chicago en 2008 par des gardes du corps de Abdoulaye Wade. Il est sorti victorieux d’un procès pour diffamation intenté par Karim Wade auprès d’un tribunal Canadien. Bref, SJD était un héros et un modèle pour la jeunesse sénégalaise…
Abdou Latif Coulibaly
Journaliste d’investigation chevronné et très réseauté, Latif a successivement publié trois brulots (L’alternance piégée: Wade un opposant au pouvoir-2003, L’affaire Me Babacar Seye: un meurtre sur commande-2005, Comptes & mécomptes de l’ANOCI-2009). Contrairement à SJD, Latif est resté au Sénégal et n’a étonnamment pas subi les foudres du régime wadien réputé répressif. Ses ouvrages ont eu un impact certain sur le mode de fonctionnement du gouvernement d’alors. Pour couronner le tout, il a fondé La Gazette-un hebdomadaire respectable mais dont la ligne éditoriale était acerbe à l’égard du régime Wadien.
Conséquemment, ces deux journalistes ont le mérite d’avoir contribué à la déchéance d’Abdouldaye Wade en mars 2012.
Mais l’histoire ne s'arrête pas là. Abdou Latif Coulibaly est l’actuel porte-parole du gouvernement Sénégalais, Souleymane Jules est l’actuel chef de la cellule de communication de la présidence Sénégalaise. Il va sans dire qu’ils ont changé de plume. Les sentinelles de la démocratie d’hier sont les stratèges et défenseurs de l’action publique d’aujourd’hui. Volte-face.
Les conséquences de leur absence soudaine du paysage médiatique se font déjà ressentir...
Bien qu’étant sous-mediatisé, ce débauchage spectaculaire des meilleurs investigateurs du Sénégal est un cas d’école et mérite une “investigation” de la part des analystes politique de ce pays.

mercredi 25 septembre 2013

Repenser notre système de prévention des comportements anti-éthiques


Ces derniers mois, la traque des biens mal acquis a été un sujet récurrent dans les médias. Certains membres de l’opposition sénégalaise ont même affirmé que le programme de l’équipe gouvernementale actuelle reposait essentiellement sur la reddition des comptes...
J’ai suivi avec beaucoup d'intérêt les feuilletons politico-judicaires qui ont  rythmé l'actualité depuis l’activation de la CREI. La transaction pénale de Tahibou Ndiaye a particulièrement retenu mon attention. La répétition est pédagogique: “Soupçonné de s'être enrichi illicitement, Tahibou Ndiaye a cédé plus de 3 milliards de nos francs à l’Etat pour recouvrir la liberté”. Sans criminaliser la richesse, je trouve qu’il est inapproprié qu’un fonctionnaire puisse accumuler une telle fortune.
Au-delà du préjudice subi par l’Etat du sénégal et par ricochet les Sénégalais, ces détournements de derniers publics posent un gros problème d’éthique. Comment des dizaines de hauts fonctionnaires de l’Etat formés dans nos meilleures écoles s’exercent à piller nos maigres ressources de manière systématique? Certains parmi eux font actuellement l’objet d'enquêtes minutieuses, d’autres n’ont nullement été inquiétés.
Sans verser dans le débat politique, je suis tenté de croire qu’ il y a une justice à deux vitesses dans ce pays. Le message de l’actuel gouvernement pourrait être résumé comme suit:”Gare à vous si vous avez détourné des milliards mais ne soyez nullement inquiétés si vous n’avez détourné que quelques millions...”
Je ne les citerai pas nommément mais combien sont-ils, les agents de l’Etat ou des municipalités qui acceptent des dessous-de-table au vu & su de tout le monde? A combien se chiffre le manque à gagner de l’Etat du Sénégal? Formons-nous dans nos écoles & dans nos maisons des individus dénués du sens de l’éthique ou avons-nous perdu au fil du temps des valeurs fondamentales telles que l'honnêteté, la droiture et la franchise.
Certaines lois sont contraires à l'éthique et la morale. Par conséquent, les lois ne suffisent pas. Dans ce pays Il est temps qu'on réfléchisse sur la prévention de l'immoralité et des dérives de toutes sortes. Malgré la promotion du civisme et son intégration dans notre système éducatif, l’incivisme reste de rigueur (j’aborderai l'incivisme dans un autre blog). Bref, il nous faut repenser nos systèmes de prévention des comportements anti-éthiques.